« all those moments i spent screaming at the wall... hoping maybe your picture could answer back... and sometimes, and sometimes, i wish i didnt care. yes sometimes i wish i could never hear your voice... then maybe this would be easy, maybe this would be as simple as the way it hurt you, without thought or reason, without a shred of compassion.. »

Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai passé une bonne journée. Heureusement pourtant qu'il y avait Aurore pour m'aider à conserver un tant soi peu d'intégrité, car à nouveau, pour changer, Jayson Davis m'a donné une occasion en or pour monter sur mes grands chevaux. J'étais au courant que certains garçons, dont mon frère, avait ce don ingénieux de me mettre complètement hors de moi à chaque occasion. Que ce comportement se répète quand je me retrouve en face du garçon qui m'a donné le vent de ma vie a de quoi me faire perdre la tête... enfin, plutôt la raison. Surtout qu'il cherche constamment à... j'sais pas trop, en fait, ce qu'il attend de moi. Je ne sais pas ce que j'attends de lui à le laisser faire, tout en lui refusant le moindre truc pouvant lui faire plaisir. Il aime les trucs que j'demande à Drake de faire pour le faire chier? Tant pis, je lui accorderai même plus la chance de faire partie de ceux qui m'agacent. Pour améliorer le tout, une fille ne s'est pas présentée à la pratique en vue du match de samedi. J'ai pas eu la note espérée dans mon cours de droit civil, et ça, ça me fait grave chier. Heureusement que là, la journée est terminée. Enfin, c'est pas trop tôt. J'ai rendez-vous avec ma petite soeur. On est sensé aller magasiner, manger des tacos ou des sushis, je sais pas, je m'en fiche, j'ai juste envie de la voir elle, ses manières douces, son sourire et la manière qu'elle a de me faire rire. Je crois qu'à défaut d'avoir une meilleure amie comme Aurore, je crois que la personne qui me rend la plus heureuse, c'est ma soeur. Ma petite soeur.

« Hey Vivi, c'est Ever. On se retrouve vers 5h3o, comme prévu, hein? Je t'invite pour le dîner, c'mon rôle de grande soeur de prendre soin de l'estomac de sa cadette. À plus tard ! ». Je referme doucement mon portable et je dépose mon sac sur la banquette arrière de ma voiture. Ce n'est peut-être pas la dernière bagnole mise sur le marché, mais je l'aime bien. Noire, manuelle, bref, quelque chose de bien. Je me suis même permise à quelques occasions de profiter du moteur. Je ne sais pas d'où ça m'était venue, mais j'en avais eu envie. Je me rappelle d'une fois où ça m'était arrivé, quand je sortais encore avec Evans. Rien qu'à l'évocation de Johan Evans, le sourire que je portais en pensant au dîner avec ma soeur s'évanouit. Je pose mes doigts sur le volant en fixant le vide. Mon ancien petit-ami, et j'en ai pas des tonnes. Par choix, évidemment. C'est que.. enfin, j'ai pas envie d'y penser. De plus, ces temps-ci, j'ai la fâcheuse habitude de croiser les gens que j'ai AUCUNEMENT envie de tomber dessus. Je démarre, chassant de ma tête les souvenirs qui me reviennent instinctivement. Aurore n'a jamais compris pourquoi ça me mettait à l'envers de penser à lui. Peut-être parce que je ne lui ai jamais dis qu'il s'envoyait en l'air avec une blonde, une brune, j'sais pas trop.

« OH BORDEL, BOOOOOOOOORDEL ! ». Je crois que je ne devais pas être très attentive qu'à la sortie du parking, j'ai frôlé la catastrophe en fonçant directement dans une voiture. Enfin, je sais pas trop si je l'ai heurté, mais j'ai freiné si rapidement que je me suis cognée la tête sur le volant. Ça me pique au niveau des yeux, et puis je suis légèrement secouée, mais surtout furieuse contre moi même. Je m'imagine bien la trollée que je vais me prendre, et ça ne m'amuse pas du tout. Je suis étourdie du coup, et je mets mes mains sur mon visage, furieuse contre la vie, maudisant tout et n'importe quoi en ce moment précis. J'entends des doigts cogner dans la fenêtre côté conducteur, je libère mon visage de l'étreinte de mes doigts et je détourne les yeux. Non, ça... ça ne peut pas être « Johan ? ».

Johan ne comprenait pas pourquoi certains élèves s’encombraient les bras avec des bouquins de cours… un simple bic et un cahier suffisaient amplement, ou peut-être pas le second. Il préférait avoir les mains libres pour rattraper une demoiselle maladroite ou bien lui ouvrir son casier si celui-ci lui tenait tête. Il ne manquait pas une occasion ce cher Johan. Il utilisait n’importe quel prétexte pour séduire même le plus banal. Que voulez-vous, le chasseur des temps modernes. Les cours terminés, il ne resta pas une minute de plus dans l’enceinte universitaire. Il coinça une sèche entre ses lèvres mais ne l’alluma qu’une fois en face de sa voiture… sa voiture un pur chef-d’œuvre sur roues ! Une pierre précieuse de l’automobile américaine. Il la chouchoutait comme pas deux. Elle lui faisait quand même rapporter pas mal de billets lors de courses clandestines. Mais il préférait la beauté des femmes que celle des voitures. Le mieux restait quand même, une belle fille dans un bolide… et le ténébreux ne s’en privait pas. Néanmoins, inutile de rentrer dans les détails. Johan s’installa dans le véhicule, la clope au bec. Il laissa passer des élèves derrière lui, puis il recula une fois la voie libre. Il déposa quelques cendres en tapotant sa sèche au dessus du cendrier intérieur. Il empruntait le chemin de la sortie quand soudain une voiture débarqua sur sa droite. Mais plus de peur que de mal. Johan freina quelques mètres plus loin. Il s’empressa de sortir de l’habitacle pour se rendre vers l’autre conducteur ou plutôt conductrice. Il ne l’identifia pas tout de suite. Il tapota contre la vitre et resta un peu perplexe en voyant mademoiselle Preston. L’une de ses ex, entre elle et lui ce n’était pas l’amour fou, ou ce n’était plus. Hormis pour Johan, qui ne s’était pas laissé attraper par l’amour lors de sa relation avec la demoiselle. Il la respectait, mais l’amour n’était pas présent durant leur relation. Envers celle-ci, il passa pour le copain infidèle mais dans l’idée de cacher la réalité qui altérait malheureusement sa fidélité. Il ne souhaitait pas lui faire part de son business. Quand elle décida de rompre avec lui, il acquiesça sans lui dire la vérité. Peut-être n’était-ce pas la bonne solution car il l’avait blessé en la laissant croire qu’il allait voir ailleurs. Mais c’était l’unique solution pour ne pas la mêler de près comme de loin aux histoires qu‘il collectionnait. Il la respectait tout simplement, sinon pourquoi l’aurait-il écarté de ses histoires ? Il ne l’avait pas trompé, pas une seule fois. Pour elle, il ne représentait sûrement plus rien, seulement la personne lui ayant brisé le cœur et pour lequel il n’y aura aucun traitement de faveur. Pour elle, il ne ressentait pas de l’indifférence, ni de la haine. Alors que ressentait-il ? Ni indifférence, ni haine… il ne restait plus que l’amour ou l’amitié ou entre les deux. Quelle réponse choisissez-vous ? La première ? Mauvaise réponse, réessayez. La seconde ? Non, dernière chance. La troisième ? Et non. Mais que restait-il ? Le respect qui resta ancré en lui, même après la rupture. Elle paraissait sonnée durant quelques instants. Il s’écarta un peu pour ouvrir la portière.

－Ever'… tout va bien ? Il s’inquiétait quand même un peu pour elle, mais pas au point de dramatiser la situation. Certains se seraient sans aucun doute énervés contre la demoiselle mais pas Johan qui n'en voyait pas l'utilité et ce n'était pas dans ses habitudes de s'emporter pour des broutilles. Il aurait préféré qu’aucune rancœur ne s’installe entre eux, et pourquoi pas rester en bon terme avec elle. Mais quand une fille vous lâche pour infidélité, n’espérez pas la revoir chez vous la bouche en cœur. Pourquoi ne lui avait-il pas dit la vérité ? Pourquoi s’était-il fait passer pour le mec infidèle ? Bien qu’il n’était pas irréprochable là-dessus, avec elle il ne s’était pas comporté de la sorte. Il n’avait pas le temps, mais n’allez pas croire qu’il l’aurait fait autrement. C’était l’époque où ses affaires fleurissaient et prenaient de la place dans sa vie. Il ne consacrait donc que trop peu de temps aux personnes qui l'entouraient et Ever' en faisait partie. Quelques étudiants plus ou moins curieux scrutaient la scène. Mais aucun ne se remuait pour savoir ce qu'il en était… dans un sens ce n'était pas plus mal, que de voir débarquer un troupeau encerclant la voiture. Johan écrasa sa clope au sol, sans lâcher mademoiselle Preston des yeux.