« ...et donc, comme je vous le disais, la nécessité se définit par quelque chose qui ne peut, ni ne pas être ni être autrement... »
Long baîllement à s'en décrocher la mâchoire. Hèllynn releva sa tête qu'elle avait posé sur son cahier rouge grand format, le temps de piquer un petit somme, puis tourna son regard vers le professeur : un vieux aigri, tellement minuscule qu'on le distinguait à peine lorsqu'il se tenait derrière son bureau. Il était habillé d'un immonde pantalon bleu, qui fit grimacer la jeune fille lorsqu'elle le vit, et d'un pull polaire blanc. Quelqu'un pourrait-il lui rappeler que l'on était pas en hiver ? Même pour un homme âgé, comment pouvait-on être d'aussi mauvais goût ? Messieurs et Mesdames, la "critiqueuse" en chef, Hèllynn Miléna Burberry. En même temps, avec une mère rédactrice en chef du célèbre magazine Vogue, il ne faut pas s'attendre à moins. D'autant plus qu'Hèllynn suit des cours de Design de Mode et que de ce fait, elle avait un sens aigu dans ce domaine. Mais ça, n'importe qui pourrait vous le confirmer que Mr Wells était habillé comme un plouc. Clairement. Hèllynn, que l'on surnommait couramment Hèll, ou Hèlly', voire même H&M, en référence à ses deux prénoms, se redressa sur son inconfortable chaise, de sa place qui se situait tout au fond à droite de la salle, et décroisa ses longues et minces jambes parfaitement bronzées de ses vacances estivales à Palm Springs, et grâce à son auto-bronzant Estée Lauder, puis étouffa un nouveau baillement : si le cours ne se terminait pas très rapidement, elle risquait fort de péter un plomb. Pourtant, d'habitude, elle aimait bien la philosophie. C'était une matière qui, selon elle, "ouvrait l'esprit et le rendait plus critique, qui nous faisait presque voir le monde sous un angle différent." Mais étant donné qu'elle avait passé une nuit plutôt catastrophique, elle aurait dit Joker à la philo'. La nuit dernière ? En fait, en rangeant ses valises, Hèllynn était malencontreusement, tombé sur une photo de Liam et elle, à l'époque où ils étaient encore ensemble, faisant la grimace devant l'objectif. Sans savoir pourquoi, elle avait été gagné par une étrange sensation, qui l'avait poussé à arrêter son rangement, à attraper son Ipod rose et son paquet de gauloises sur la commode en acajou, et à fumer comme un pompier toute la nuit, en écoutant des chansons qui avaient doucement fini par faire couler des larmes sur ses joues, mais qu'elle avait essuyé, bien entendu. « oh baby baby, it's a wild world. » C'était quoi son problème à la Burberry ? Peut-être bien qu'il lui manquait un peu, après tout. Et alors ? N'étais ce pas elle qui avait pris la décision de le quitter ? Si. Mais Hèllynn et les décisions... Disons que plus indécise, on ne trouve pas pire. Réaction bizarre chez elle, peu habituée à exprimer et montrer ses sentiments. Rare sont le nombre de personnes l'ayant vu pleurer. Et après, deux paquets de Gauloises et 180 minutes de chansons "tristes", elle s'était finalement reprise en main, et avait continué son rangement dans ses placards jusqu'à quatre heures du matin. Après quoi, elle avait fait ses exercices d'espagnol, car la prof avait assuré que ceux qui ne les feraient pas auraient direct deux heures de colle, et franchement, c'était préférable d'éviter, et enfin elle s'était endormie d'épuisement tandis que son réveil indiquait : 05 : 16. Quelle soirée merdique, mieux valait oublier. Un coup d'oeil à sa Rolex lui permit de constater qu'il restait deux minutes avant la fin du cours et n'ayant rien de mieux à faire, Burberry compta les secondes... DRIING! La sonnerie stridente retentit, libérant les étudiants de leur supplice. Fébrile, la blonde s'empressa de fourrer ses affaires dans son sac Louis Vuitton, nouvellement acquis, mais avant qu'elle puisse sortir, le professeur l'intercepta. Elle le dominait bien de deux têtes. Qu'est ce qu'il lui voulait ? Sur un ton calme, Mr Wells se lança :
« mademoiselle Burberry, dois-je vous rappeler que nous sommes en cours et non dans votre chambre ? » , en se référant au fait qu'elle avait passé les deux heures à dormir. « hmm, non merci. » « dans ce cas, ne vous endormez pas dans mon cours. » « oui. Je peux y aller ? » « oui. Bonne journée! »
*En tout cas, elle commence mal.*
Empoignant son sac, Hèllynn prit la sortie. Comme d'habitude, les couloirs étaient bondés, et elle dut se frayer un chemin pour atteindre la cafétéria. Il était midi. Elle se commanda le menu du jour, qui se composait d'une salade de crudités, d'haricots verts et d'un steack hâché, et pour finir, une mousse au chocolat en dessert. Elle alla s'assoir à une table pour déguster, et en profita pour extirper son Iphone, afin d'envoyer un message identique à deux personnes. Les deux personnes les plus importantes pour elle. Evidemment, il s'agissait de Joy Wilson et d'Allisie Lincoln. Ses meilleures amies, depuis des années déjà. Elles avaient été toutes trois admises à Stanford, heureusement, et pour cette nouvelle rentrée, elles comptaient bien encore une fois, foutre le bordel. « quatorze heures, heure de shopping ? Même si je vous le dis pas souvent je vous aime <3 » C'était trop gentil venant de sa part, elles allaient croire qu'elle était devenue folle. xD Refourrant son portable dans son Vuitton, Hèllyn porta le verre d'eau à ses lèvres, et se rendit compte un peu tard, qu'elle n'était pas maquillée ni rien, dû au stress de son retard matinal. Elle se dépêcha donc de liquider tout son plat, puis se dirigea vers sa chambre, qui se trouvait dans la confrérie des Pi Beta Phi. Par chance, la maison était vide. Elle se planta devant son miroir en pied, puis attrapa sa trousse à maquillages sur son lit aux couvertures rouges, impeccablement fait. L'adolescente farfouilla à l'intérieur et se peinturlura vite vite : un peu de fond de teint pour une bonne mine, du mascara ainsi que de l'eye-liner noir, et pour terminer par une application de gloss cerise Chapstick. Voilà. Et vu qu'elle était là, autant se changer. Hèllynn ouvrit son placard, et en sortit un total look Chanel, qu'elle mit bien une heure avant de trouver : une jupe droite, légèrement fuselée en tweed fantaisie, bordée d'un galon contrasté, avec une veste blazer croisée en tweed fantaisie assortie. Elle enfila aussi les collants unis avec la signature Chanel brodée, puis aux pieds, chaussa ses sandales en satin et grosgrain sur plateforme. Elle était prête, sans oublier son canotier en laine. VOIR TENUE! Parfait! Un oeil à sa montre-bracelet en argent Chanel, qu'elle avait échangé avec sa Rolex, qui affichait : 13 h 45. Bon, très bien. Sur un dernier coup d'oeil à son reflet, miss Burberry saisit sa pochette noire quadrillée, toujours Chanel décidément, puis prit la direction du Stanford Shopping Center. C'était une grande chance qu'ils possédaient ce genre de magasins à l'université. Cela permettait aux accros du shopping telle qu'Hèllynn de ne pas mourir de l'absence de magasins. Et il y avait toutes les tendances, en plus. C'était carrément génial, et une des raisons pour laquelle elle avait choisi d'étudier ici plutôt qu'ailleurs. Aujourd'hui, il faisait un temps à la fois doux et froid. Une brise soufflait, et il faisait frisquet, mais il ne faisait pas mauvais non plus et une fois à destination, la blondinette s'assit sur un banc non loin de là, et attendit l'arrivée de ses amies, si bien sûr, elles se ramenaient...
another crazy afternoon •hèllynn&allisie&joy
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